Les principes de traduction de la bible

Publié le par Pierre-Yves

Les principes de traduction de la bible

Sandra :
Aujourd’hui, je te propose de parler de traduction et de versions. On a appris que l’original de la bible a été écrit en hébreux et en grec, et les différentes versions que nous trouvons sur le marché sont des traductions. J’aimerais savoir sur quels principes la bible originale a-t-elle été traduite ? Et ma deuxième question est la suivante : Peut-on se fier aux nombreuses traductions que l’on peut trouver de la bible ?


Chaque langue a sa particularité, et sa manière bien à elle de dire les choses, et c’est ce qui rend difficile toute traduction.
Pour ce qui concerne la bible, il existe deux grands principes de traduction.

Il y a tout d’abord les versions formelles ou encore littérales.
On cherche dans ces versions à laisser voir la manière dont la chose est dite dans l’original. On reste le plus proche possible du texte source.

Ensuite, on trouve les versions à équivalence dynamique ou fonctionnelle : on cherche à rendre le sens original en s’affranchissant des correspondances formelles et en essayant de produire les mêmes impressions et réactions que le texte original auprès du lecteur. En d’autres termes, on dissocie le contenu de la forme de la langue d’origine et on le transpose dans la forme de la langue cible.

Pour répondre à ta deuxième question, A moins qu’il n’y ait une volonté délibérée de modifier ou interpréter le texte pour qu’il colle à des opinions précises (comme c’est le cas dans la Traduction du Monde Nouveau des Témoins de Jéhovah), les traductions actuelles sont effectuées par des personnes compétentes soucieuses de respecter le texte. Il peut y avoir quelques divergences d’interprétation sur certains passages, mais cela ne modifie en rien le message général de la Bible.

Par exemple, il faut savoir que les manuscrits étaient à l’origine entièrement écrits en majuscules. Ainsi, on ne peut s’appuyer sur le fait que le mot commence ou non par une majuscule, dans la traduction, pour déterminer le sens d’un verset.

Le découpage en chapitres et versets n’existait pas dans l’original de la bible, donc il n’y a pas d’erreur si deux versions ne sont pas découpées de la même façon. Il facilite le repérage dans le texte, mais il n’a pas forcément respecté la pensée des auteurs originaux.

Certaines versions intègrent des titres (généralement en italiques ou en gras) dans le texte biblique. Ils peuvent être utiles pour la compréhension et aèrent le texte, mais ils ne sont pas dans les originaux.

Sandra :
Pourquoi la bible est-elle encore traduite aujourd’hui ?
Est-ce qu’on ne peut-on pas se contenter de réimprimer ou de rééditer les traductions existantes déjà ? Est-ce utile de continuer à traduire la bible aujourd’hui ?


Il y a cinq bonnes raisons qui justifient l’utilité de réviser continuellement la traduction de la bible.

Premièrement, le sens des mots évolue en français
Par exemple dans la lettre de saint Paul aux Romains au chapitre 1 et au verset 28 Avant on traduisait :
«Comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens réprouvé, pour commettre des choses indignes.»

Mais en 50 ans «sens réprouvé» a pris une connotation d’excès sensuel absente du grec des originaux.

Aujourd’hui il est plus juste de traduire :
«Comme ils n'ont pas jugé bon de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur intelligence déréglée, de sorte qu'ils commettent des actes indignes.»

Deuxièmement une compréhension du contexte biblique
Par exemple dans la 1ère lettre de saint Pierre au chapitre 1 et au verset 13

Avant on traduisait :
«C’est pourquoi, ceignez les reins de votre entendement, soyez sobres, et ayez une entière espérance dans la grâce...»

On ne peut comprendre l’expression «ceignez les reins de votre entendement» qu’en connaissant la vie des gens à l’époque de Christ. On préférera donc une traduction plus claire accompagnée d’une note qui rappelle la formulation originale.

Aujourd'hui, on traduira :
«C'est pourquoi, tenez votre intelligence en éveil(a), soyez sobres et mettez toute votre espérance dans la grâce... »
(a) littéralement ayant ceint les reins de votre intelligence. On relevait les pans de son habit en les rassemblant avec une ceinture, lorsqu'on voulait travailler ou se déplacer.

Troisièmement le choix concernant les poids et mesures
On préfère utiliser des unités de mesures comprises par tous
Par exemple dans le 2ème livre des Chroniques au chapitre 3 et au verset 8
Avant on traduisait :
«[Salomon] fit la maison du lieu très saint; elle avait vingt coudées de longueur [...], et vingt coudées de largeur. Il la couvrit d'or pur, pour une valeur de six cents talents.»

Aujourd'hui, on traduira : «[Salomon] fit la salle du lieu très saint; elle avait 10 mètres de long [...] et 10 de large. Il utilisa 18 tonnes d'or pur pour la couvrir.»

Une meilleure compréhension des originaux hébreux de l'Ancien Testament
Les manuscrits de la mer Morte, découverts à Qumran après la 2de Guerre mondiale et décryptés depuis, datent d'avant Jésus-Christ. Ils ont permis de préciser certains choix de traduction entre les différents manuscrits jusque-là disponibles.

Exemple dans le livre d'Esaïe au chapitre 53 et au verset 11 (où les chrétiens voient une prophétie au sujet de Jésus-Christ)
Avant on traduisait :
«Après les tourments de son âme, Il rassasiera ses regards...»

Aujourd'hui, les manuscrits de la mer Morte valident la traduction suivante :
«Après tant de trouble, il verra la lumière et sera satisfait...»

Une meilleure compréhension des originaux grecs du Nouveau Testament
Il fallait comprendre avec «quel grec» le Nouveau Testament avait été écrit.
Est-ce un langage propre utilisé seulement par des Juifs chrétiens ou plutôt, comme on le comprend aujourd'hui, le grec parlé du Moyen-Orient avec des influences de l'araméen ?
On compare le grec du NT avec les écrits grecs contemporains de certains papyri pour comprendre le sens de certaines expressions.

Exemple de l'Evangile de saint Jean au chapitre 19 et au verset 30, Jésus crucifié s'écrie : «Tout est accompli»
On a trouvé ces mots sur des papyrus comptables pour signifier : «entièrement payé».
Jésus a «entièrement payé» le prix du jugement divin sur les péchés de tous les hommes.
Autre exemple dans la lettre aux Corinthiens au chapitre 11 et au verset 20 où saint Paul parle du «repas du Seigneur». On y voyait avant une expression grecque unique et propre à Paul. Elle était presque sacralisée. Mais on a retrouvé cette même expression sur des papyri non chrétiens avec le même sens.

Pour toutes ces raisons, on traduit la Bible régulièrement tous les 30 à 50 ans

Publié dans Questions bible

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